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A l’occasion du dixième anniversaire du décès de mon père, j’ai entrepris d’écrire un récit sur sa vie. C’est un cadeau à mes enfants et nièces, eux qui l’ont peu connu et qui ignorent bien des pans de sa vie : sa jeunesse chaotique par exemple, ainsi que toutes les crises et les victoires qui l’ont amené à devenir le grand-père sage et bienveillant dont ils se souviennent. Alors que j’écrivais les histoires qu’il avait souvent partagées sur les grands-parents qui l’ont élevé, sur les oncles le gardant sur le droit chemin, sur les professeurs partageant leur amour des sciences ou sur ses logeurs en France qui l’avaient accueilli comme l’un des leurs, j’ai réalisé que toutes ces personnes qui lui tenaient à cœur avaient, chacune à sa manière, façonné sa vision du monde. Ces adultes autres que ses parents avaient tous eu un impact positif au cours de sa jeunesse.    

J’ai alors décidé d’examiner les qualités déterminantes de ces relations adultes/enfant (ou adultes/adolescent en pleine croissance) pour en déceler les leçons que nous, en tant qu’adultes, pourrions apprendre et pratiquer avec les jeunes de notre entourage.  

D’abord, j’ai remarqué que ces adultes étaient à l’écoute. Cela signifie qu’ils sont prêts à valoriser le récit d’histoires, laissant les pauses dans la conversation se prolonger dans le silence plutôt que de se lancer dans une argumentation, une question ou de passer à autre chose. Ils reconnaissent la valeur des expériences, des idées et des capacités du futur adulte. Ils ne le rabaissent pas mais plutôt explorent avec lui ce qu’il a appris de ses expériences, bonnes ou mauvaises. Ils posent avec bienveillance les questions qui le mettront sur la voie de l’auto-évaluation.  

Être là pour écouter les questions que les jeunes se posent eux-mêmes ne signifie pas qu’ils ont besoin de nos réponses mais plutôt qu’ils ont besoin d’aide pour formuler les bonnes questions ouvertes, celles permettant de voir si leurs valeurs sont en harmonie ou non avec la situation, de trouver des alternatives créatives ou encore d’identifier quelles capacités ils peuvent développer pour avancer. Ces adultes-là sont détachés du résultat et n’ont pas d’agenda caché. Ils ne cherchent pas à manipuler le jeune par l’argumentation ou par les émotions mais se concentrent davantage sur un processus qui favorise sa croissance, dans l’exploration sincère de la réalité actuelle de la personne avec qui ils échangent. Ils adoptent un ton aimable, parfois ferme mais en évitant toute condescendance ou jugement, essayant toujours d’être clairs et cohérents.  

Finalement, ces adultes savent inclure les jeunes dans leurs activités et leurs apprentissages en partageant leur enthousiasme, en leur offrant, dans la mesure du possible, l’opportunité d’expériences réelles et en leur faisant confiance tout en leur permettant de faire des erreurs.  

Nous avons tous des opportunités d’interagir avec des jeunes qui ne sont pas nos enfants, que ce soit des amis de nos enfants, des neveux, des cousins, des voisins, des collègues, etc. Nous ne devons pas sous-estimer la valeur et l’influence de notre présence auprès d’eux. En essayant de mettre en pratique certains aspects décrits plus haut, nous avons le pouvoir de nouer des relations plus saines et de renforcer le tissu social de notre environnement. Et peut-être qu’un jour votre enfant se souviendra, comme moi, de la gentillesse que certains adultes ont montré envers leur père !